Pédagogie de l’international

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L’international et l’interculturel, des outils pédagogiques

L’international et l’interculturel sont des outils pédagogiques puissants qui peuvent servir tous les axes de notre Projet Educatif !

Les Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France sont un mouvement d’Éducation populaire favorisant l’ouverture vers les autres et vers le monde. L’organisation de projets internationaux dans le scoutisme unioniste, projet spécifique monté en groupe ou participation à un événement international, est un moyen privilégié de faire l’expérience de la rencontre et du partage, dans un esprit de compréhension mutuelle, de fraternité, de paix et de solidarité internationale.

La dimension internationale et interculturelle du scoutisme peut être vécue à tous les âges et dans toutes les branches. Elle peut donc concerner l’ensemble des membres de l’association porteurs, porteuses d’une activité, ou d’un projet, à dimension internationale (BC, BM, Aînés, Cadres du mouvement), en France ou à l’étranger.

Mouvement de scoutisme protestant ouvert à tous et à toutes, nous sommes membres du Scoutisme Français et, à travers lui, de l’Association Mondiale des Guides et Éclaireuses (AMGE) et de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout (OMMS), qui représentent à elles deux le plus grand mouvement de jeunesse dans le monde. Les associations qui en sont membres sont donc nos partenaires naturels pour les projets internationaux et nous cherchons à les rencontrer et à développer des actions communes.

 

Des projets internationaux porteurs de sens

Les projets internationaux sont particulièrement porteurs de sens et d’apprentissages pour les personnes qui les vivent. Un projet réussi est un projet qui permet de s’ouvrir aux autres et au monde, d’échanger et de partager avec d’autres cultures. C’est également parfois l’occasion de développer des amitiés avec des scouts et des guides du monde entier.

Dans le cadre d’un projet international les participant·e·s développeront, partageront mais aussi découvriront des savoir-faire, des savoir-être, des techniques et des pratiques. Ces efforts sont menés au service d’une communauté locale ou d’enjeux globaux, dans le but de contribuer à créer un monde meilleur, une société toujours plus respectueuse des droits de chacun et chacune et de son environnement.

Parce que les enjeux sont globaux et trouvent des déclinaisons également sur le territoire français, les participants et participantes au projet sont invité·e·s à questionner et à expérimenter en France les actions envisagées à l’international. Se confronter aux enjeux de nos actions dans nos communautés locales suscite une prise de recul enrichissante pour tout projet international.

 

Des projets internationaux fondés sur des valeurs

Les projets internationaux que nous développons sont fondés sur des valeurs partagées. Ces valeurs impliquent une réflexion collective et personnelle des participants et participantes au projet, tout particulièrement sur les principes suivants qui sont au cœur de tout projet unioniste :

  • Le principe d’engagement volontaire
  • Le principe de soutenabilité écologique
  • Le principe de dialogue, d’échange et de partage (interculturalité)
  • Le principe de durabilité

Eduquer à l’international : une histoire ou une méthode ?

L’international, un élément clef dans l’éducation à la paix

La dimension internationale du scoutisme remonte à ses origines : c’est par le biais de la coopération internationale, de la rencontre de l’autre, de la communication par delà les frontières et de la volonté de vivre ensemble pour changer le monde que le scoutisme s’est donné comme ambition d’éduquer à la Paix. Fort de cette dynamique, le scoutisme s’est ainsi développé pour devenir l’un des plus grands mouvements de jeunesse au monde, rassemblant plus de 60 millions de jeunes.

Militaire de carrière, le fondateur du scoutisme, Robert Baden-Powell, était bien placé pour connaître les racines de la violence et des conflits. Dans son esprit, la méthode scoute est en soi une forme d’éducation à la Paix. «Notre Loi scoute et notre Promesse” disait-il “quand on les met pleinement en pratique, enlèvent toute occasion de guerre et de conflits entre les nations ». Après le premier camp de scoutisme, organisé par Robert Baden Powell sur l’île de Brownsea au Royaume Uni en 1907, le scoutisme se répand rapidement dans le monde et tout particulièrement en Europe.

La Première Guerre mondiale est vécue comme un choc profond par Robert Baden-Powell. Lors du premier Jamboree mondial, qui a lieu à Londres du 30 juillet au 7 août 1920 et où une délégation d’éclaireurs unionistes est d’ailleurs présente, il déclare dans son discours de fin «Partons d’ici, pleinement déterminés à développer entre nous et nos garçons cette camaraderie, à travers l’esprit mondial de la fraternité scoute, afin que nous puissions contribuer à développer la paix et le bonheur dans le monde, et la bonne volonté parmi les hommes ». La création de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout en 1922 et de l’Association Mondiale des Guides et Éclaireuses en 1928, viendra ensuite structurer et pérenniser cet appel à la Paix par la camaraderie et l’adelphité. C’est donc aussi pour œuvrer, aux côtés de 60 millions de scouts, guides, éclaireuses et éclaireurs à un monde meilleur que les unionistes continuent de s’engager aujourd’hui dans une dimension internationale, qui trouve sa place au cœur même de nos ambitions éducatives.

 

La rencontre interculturelle, un enjeu pédagogique fort pour la jeunesse

Vous l’avez compris, l’ambition du scoutisme à l’international, ce n’est donc pas de projeter nos activités scoutes ordinaires au-delà des frontières. À travers ce que nous appelons aujourd’hui « l’international », il faut entendre « les activités à dimension internationale ». L’objectif de ces activités réside dans ce qu’implique intrinsèquement ce voyage à l’étranger: la rencontre interculturelle.

Selon Claude Clanet (1993, p. 110), le terme interculturel introduit les notions de réciprocité dans les échanges et de complexité dans les relations entre cultures. Le concept d’interculturel s’intéresse alors à la culture comme « vision du monde », univers de significations particulier à un groupe donné.

En vivant la rencontre interculturelle, nous nous confrontons à cette autre « vision du monde ». Les échanges interculturels permettent la confrontation des croyances auxquelles nous adhérons, du sens que nous donnons aux choses, qui nous situent et font que les autres nous situent dans telle ou telle communauté culturelle. Les objectifs pédagogiques qui en découlent pour les jeunes que nous accompagnons dans le cadre de nos activités unionistes sont multiples. En permettant la confrontation des idées, des croyances, des perceptions à celles d’un autre groupe culturel, nous visons à permettre le questionnement de nos propres pratiques et à amener une réflexion sur les raisons qui nous poussent à faire comme nous faisons, à croire comme nous croyons, à vivre comme nous vivons. « Pourquoi, moi, je fais comme cela, si d’autres le font différemment ? » Ce premier questionnement constitue, en soi, une ouverture vers l’autre. Il est le préalable à la compréhension de la différence, à la reconnaissance de l’autre dans ses valeurs et ses pratiques. En facilitant la confrontation des pratiques et des croyances, nous travaillons à créer l’espace propice à la construction de valeurs pour les jeunes que nous accompagnons : c’est le projet éducatif que nous portons aux Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France.

 

Accompagner la rencontre interculturelle

En pratiquant la rencontre interculturelle, les jeunes s’ouvrent au monde qui les entourent selon les principes de la pédagogie active, « learning by doing» (apprendre en faisant), chère à Robert Baden-Powell. Pour autant, la rencontre interculturelle présente des défis auxquels la pédagogie unioniste internationale doit répondre. Comment accompagner nos jeunes face au « choc » des cultures ? Comment permettre le questionnement des préjugés ? Comment aller vers l’autre, chez l’autre, en le respectant ?

C’est pour répondre à ces questions et aller au bout de nos ambitions que le Mouvement s’est doté d’une Charte de l’international. Ce document de référence engage les porteurs et porteuses de projet internationaux et interculturels à se placer dans une démarche de curiosité sur les enjeux du monde, d’ouverture à l’autre de respect, d’humilité dans l’apprentissage. Ce texte donne des clés pour mener à bien un projet international et interculturel qui permette d’atteindre nos objectifs éducatifs en la matière, mais aussi d’éviter certains « pièges » qui conduisent à une perte de sens, comme le « volontourisme » ou la simple consommation de voyage sans ambition pédagogique… Comme le disait Alexandra David-Néel, «Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace ».

Il est essentiel également de se rappeler que la rencontre interculturelle et internationale peut se vivre dans toutes les branches, à condition d’adapter les activités afin de les mettre en cohérence avec les besoins et les capacités propres à chaque âge. La rencontre interculturelle pourra ainsi prendre la forme d’un échange épistolaire ou via des réseaux sociaux. Elle pourra aussi se traduire par la participation à un événement organisé par l’une des associations mondiales du scoutisme et du guidisme, ou par la rencontre et l’accueil de personnes attachées à des communautés culturelles différentes.

Enfin, à l’heure où nous faisons face à d’immenses défis environnementaux, gardons à l’esprit qu’il n’est pas nécessaire de voyager loin pour rencontrer l’autre ! L’interculturalité se vit aussi au coin de notre rue. Alors, « scouts toujours prêts·es » … à la rencontre ?

Pour aller plus loin: Scouting and Peace

Un article de Manon Soubeyran

Le saviez-vous ?

Le scoutisme a pris, dès la fin de la Première Guerre mondiale, une dimension internationale afin de favoriser l’entente entre les peuples. En organisant en 1920 le premier Jamboree mondial, Baden-Powell voulait démontrer la capacité du scoutisme à développer un esprit de camaraderie entre les jeunes de différentes nations.

C’est cette même volonté de «répandre la paix et le bonheur dans le monde», pour reprendre les mots employés par le fondateur du scoutisme, qui guide encore aujourd’hui les activités et évènements scouts et guides à caractère international.

Les premières Conférences mondiales du scoutisme et du guidisme ont fondé les bases de la structure internationale du scoutisme et créé l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout (OMMS) et l’Association Mondiale des Guides et Eclaireuses (AMGE). Elles se tiennent tous les trois ans, dans chacune des deux associations mondiales, sous la forme d’une sorte d’assemblée générale mondiale qui réunit l’ensemble des organisations nationales membres.

Victor Gaudeaux, commissaire international OMMS

« Je trouve toujours cela très émouvant – et il faut le dire franchement vertigineux – de penser aux dizaines de millions d’éclaireurs, éclaireuses, guides et scouts répartis·es tout autour du globe. Comment faire le lien entre cette multitude et nos meutes, unités ou équipes au fond des bois, bien souvent coupées du monde? Dans ce dossier vous trouverez quelques outils et pistes de réflexions à porter concrètement dans vos groupes. Car nous avons la conviction que la rencontre, interculturelle puisqu’on en parle mais pas seulement, est un outil puissant de découverte de soi, de ses valeurs, des autres, d’acceptation de la différence, de paix, tout simplement. Alors pourquoi ne pas vivre de tels échanges avec d’autres jeunes qui partagent avec nous Loi et Promesse dans différentes langues ? » – Suzanne Chevrel

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