La formation est un des piliers de l’engagement adulte dans l’association.
Aux Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France un seul mot d’ordre : tout le monde se forme !
Pour parvenir à faire vivre cette doctrine le mouvement s’appuie sur un réseau de formateurs. Nous sommes allés à la rencontre de Noé Fourcaud, formateur de « talent » depuis 3 ans!
Comment es-tu devenu formateur et pourquoi as-tu pris cette fonction ?
Je suis devenu formateur à la suite d’un parcours classique : louveteaux, éclais, ainé, responsable, directeur de camp et actuellement équipier régional… J’ai effectué mon premier stage BAFA en tant que formateur à 23 ans. Je n’y pensais alors pas naturellement. Et puis, avec d’autres amies unionistes, nous nous sommes motivés pour participer à une formation de formateurs qui m’a donné envie de me lancer dans cette nouveau aventure. Dans le même temps, on m’a proposé de former sur un premier stage BAFA. Concours de circonstance, pas si sûr ! On sait bien que la COFO veille au grain pour mettre en relation les directeurs de stage et les nouveaux formateurs ! Heureusement ! J’ai donc saisi cette belle opportunité.
Pour toi quelles sont les principales missions d’un formateur ?
3 missions ou plutôt 3 apprentissages à transmettre.
Avoir une intention éducative ! L’envie et la passion, les responsables les ont déjà tous. Derrière cela, nous devons leur faire prendre conscience qu’ils sont des éducateurs, qu’ils participent avec les parents, avec l’école, à l’éducation de jeunes louveteaux et éclaireurs. Ce n’est pas rien.
Être ambitieux ! Un scoutisme de qualité est porté par des activités et des projets ambitieux. J’entends par là de ne pas se reposer sur ses acquis, de ne pas seulement faire et refaire ce qu’on a déjà vu ou vécu dans son parcours unioniste, mais de créer, d’inventer et d’innover pour transmettre cette même envie aux enfants, cette envie qui nous a mené jusque-là.
Progresser ! Car je suis bien convaincu que la progression personnelle, l’un de nos principaux outils éducatifs, est encore plus prégnante pour les responsables. Cet important gain en responsabilité et en autonomie incite fortement les responsables à acquérir de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances. C’est d’ailleurs ce que je préfère faire en début et en fin de stage BAFA, accompagner le stagiaire dans sa recherche de pistes de progression personnelle : prendre un peu de recul, identifier ses points forts et ses faiblesses et se lancer de nouveaux défis… c’est stimulant !
Est-ce que tu penses développer de nouvelles compétences depuis qui tu occupes cette mission ?
Oh oui… la progression personnelle ne s’arrête jamais ! L’expérience accumulée ne suffit pas à former. Les bonnes anecdotes de camps, les super grands jeux et projets réalisés ou au contraire tous les ratés, sont utiles pour illustrer une formation ou pour passer un agréable moment à table avec les stagiaires… mais ce n’est pas suffisant. Pour former, il s’agit aussi de formaliser un peu les connaissances, tout en gardant notre fibre ludique et participative, être synthétique et faire passer des messages claires. C’est aussi une posture à adopter, une posture bienveillante : observer et évaluer sans juger, accompagner le stagiaire qui reste le principal acteur de sa formation. Tout cela ne va pas de soi, et j’y travaille encore beaucoup !
Si oui lesquelles ?
En tant que directeur de camp, j’avais déjà suivi des stagiaires BAFA, mais je me rends compte a posteriori que je n’avais à l’époque peut-être pas encore tous les outils et toutes les compétences pour mener à bien cette mission. Aujourd’hui, je me sens par exemple beaucoup plus à l’aise avec la démarche d’évaluation, en me basant davantage sur des observables, plutôt que sur des jugements qui nous viennent trop facilement à l’esprit. L’accompagnement des stagiaires aussi, avec cet objectif de les placer au cœur de leur propre formation. Enfin, l’animation de séquence de formation, qui demande de véritables compétences pédagogique et didactique : l’une de mes principales pistes de progression en tant que formateur !
Quels apports ou difficultés pour toi, dans l’exercice de cette fonction ?
Au-delà du plaisir de transmettre, de développer de nouvelles compétences, etc… Je dirai à titre très personnel que la formation m’a permis de résoudre l’une de mes contradictions : ne plus avoir envie d’être systématiquement sur le terrain, déguisé en super méchant et se faire courser par une dizaine de louveteaux surexcités (bien que de temps en temps, ce soit toujours plaisant !) et cette envie irrésistible de rester dans le concret, de vivre en collectivité, de mener des projets communs même sur le temps court, et de ressortir d’une semaine de formation épuisé, mais avec cette bonne fatigue, la même qu’on ressent après deux semaines de camp, une fatigue satisfaisante et épanouissante.
Des difficultés ? La principale est d’ordre logistique : quand on travaille, il n’est pas évident de trouver du temps pour former sur des stages BAFA…
A titre plus anecdotique, il n’est pas toujours évident de se retrouver face à des stagiaires qui ont une fâcheuse tendance à attendre des formateurs qu’ils aient réponses à tout. Hélas ou heureusement, c’est rarement le cas. Bien que j’aie déjà croisé quelques formateurs qui sont de véritables « machines à bonnes idées » et qui trouvent à chaque question, non pas des réponses, mais de nouvelles propositions à expérimenter.
Sur qui t’appuies-tu dans cette mission ?
Nous sommes loin d’être seul dans cette mission ! On peut s’appuyer sur son équipe de formateurs et le directeur du stage, sur la COFO et sur tous les outils de formation qui nous sont mis à disposition. Et notamment la fameuse dropbox de capitalisation, une véritable caverne d’Ali Baba remplie des plus belles séquences de formation ! Mais là aussi, restons ambitieux et continuons à à inventer des séquences de formations toujours plus innovantes et pertinentes !
Noé Fourcaud