Article de la Revue Bivouac n°102 – Fiche technique
Tu as peut-être déjà vu ces magnifiques photos dans les magazines ou à la télévision, représentant des nébuleuses ou des planètes « comme si on y était ».
Tu as sûrement levé les yeux en fin de veillée vers cette voûte noire parsemée de points lumineux et eu envie d’en savoir plus sur ce spectacle de l’univers.
Tu as peut-être compris que ces repères dans notre ciel peuvent nous aider à nous orienter sur notre Terre.
Depuis l’aube de l’humanité, nos ancêtres ont essayé de décrire ce spectacle, scientifiquement ou poétiquement.
Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit : il fit aussi les étoiles. (Genèse 1 :16)
Malheureusement, la bibliographie et les observations les plus impressionnantes sont destinées à des astronomes équipé·e·s de télescopes et autres équipements aussi fragiles que coûteux. Pas de panique, avec un peu d’ordre et de méthode, tu vas pouvoir, toi aussi, en profiter.
Matériel
Tu as besoin, avant tout, de tes yeux. Si, en plus, tu disposes d’une paire de jumelles ou d’une petite lunette d’observation terrestre, tant mieux, mais ça n’a rien d’indispensable.
Par contre, pour bien observer, il faut rester immobile. Et la nuit, il fait frais. Donc, il te faudra aussi prévoir un chandail, un poncho ou une couverture… Enfin, luxe suprême, une boisson chaude (soupe, tisane ou chocolat) aide à tenir.
Méthode
Installe-toi confortablement à un endroit où la vue est bien dégagée, où il n’y a pas de pollution lumineuse (style éclairage urbain), le dos bien appuyé (l’idéal est de te faire un dossier à 45°).
Il faut d’abord que ton œil s’habitue à la nuit. Il faut compter environ une demi-heure sans éclairage (donc pas de ballet de lampes de poche). Si tu as néanmoins besoin de lire un document, de régler un instrument, ou tout simplement de voir où tu mets les pieds, tu peux, à la rigueur, utiliser de la lumière rouge*. Certaines lampes (militaires) sont munies de filtres rouges amovibles, mais il est également très simple de scotcher du plastique
rouge translucide sur une lampe « normale », ou de badigeonner l’ampoule avec du vernis à ongles.
Mets à profit la demi-heure d’acclimatation pour prendre des jalons (ligne d’horizon, arbres qui se découpent sur le ciel…) et s’en servir pour repérer les points cardinaux. Profites-en également pour t’imprégner des étoiles les plus brillantes, celles qu’on voit sans délai d’adaptation. Entraîne-toi à mesurer les angles, en utilisant le bras tendu (le pouce = 2°; 1 main = 10°…).
* Le fond de l’œil est tapissé de deux sortes de cellules : les cônes, qui permettent de distinguer les couleurs, et les bâtonnets insensibles au rouge, qui permettent entre autres de voir les étoiles. Ainsi, la lumière rouge ne « désensibilise » pas l’œil.
Observer
Au fil de tes observations, le ciel te semblera de plus en plus familier, les noms des étoiles, ou de ces groupes d’étoiles qu’on appelle constellations, te viendront naturellement.
Au début, essaie de repérer celles qu’on voit toute l’année, dans la moitié nord du ciel : la Grande Ourse (appelée aussi Casserole ou Chariot), et Cassiopée (en forme de W).
Tu peux remarquer sur cette illustration que si tu prolonges le bord externe de la « casserole » cinq fois, tu tombes fatalement sur l’Étoile Polaire : c’est un truc dont il te faudra te souvenir car il est bien utile pour s’orienter. Cassiopée est diamétralement opposée à la Grande Ourse par rapport à la Polaire.
En hiver
Le ciel tourne (ou plutôt, c’est la Terre qui tourne autour du Soleil). Alors, tu ne verras pas la même chose pendant tes week-ends hivernaux et ton camp d’été. Le soir, en hiver, une constellation va te sauter aux yeux : c’est Orion.
On imagine facilement un géant dont l’épaule gauche est une étoile appelée Bételgeuse et le genou droit une autre appelée Rigel.
En suivant les indications du schéma ci-dessus, tu tomberas d’un côté sur Sirius (dans la constellation du Grand Chien), qui est l’étoile la plus brillante de notre ciel, un peu plus haut sur Procyon (dans la constellation du Petit Chien), et de l’autre côté sur Aldébaran (dans la constellation du Taureau). Tu peux encore compléter ce grand ovale par deux autres constellations : le Cocher avec Capella et les Gémeaux avec Castor et Pollux.
Au printemps
En prolongeant le bord de la « Casserole » du côté opposé à la Polaire, tu vas tomber sur une étoile brillante surmontée d’un point d’interrogation à l’envers : il s’agit de Régulus (dans la constellation du Lion).
En prolongeant l’arc de cercle formé par la «queue de la Casserole»,tu tombes successivement sur Arcturus (dans la constellation du Bouvier) et Spica, ce qui veut dire « épi » (dans la constellation de la Vierge).
Et au milieu de ce triangle,tu remarqueras un amas innombrable d’étoiles appelé « chevelure de Bérénice ».
En été
En levant le nez, tu peux remarquer deux étoiles très brillantes, quasiment à la verticale, et une troisième quand on descend son regard en direction du sud-est. Ce sont respectivement Véga, dans la constellation de la Lyre, Deneb, dans la constellation du Cygne et Altaïr, dans la constellation de l’Aigle. Si tu as de bonnes jumelles, tu pourras observer qu’Albireo est une étoile double bicolore (bleue et orange).
En été, tu peux encore voir Arcturus vers l’ouest (déjà vue au printemps) et Capella vers le nord-est (déjà vue en hiver). Enfin, en tout début de soirée, si l’horizon est bien dégagé à l’ouest, tu peux assister au coucher d’Antarès, la géante rouge, dans la constellation du Scorpion.
Ce sont là les étoiles et constellations les plus remarquables que tu pourras observer à l’œil nu tout au long de l’année. Il y en a bien d’autres, et il y a aussi des « objets célestes » intéressants, ou simplement beaux à observer : des nébuleuses, des galaxies, des amas d’étoiles. Et puis, je ne t’ai pas parlé des planètes, qui offrent aussi un beau spectacle mais qui sont mobiles par rapport à la voûte céleste.
Rédaction : Eric Padieu pour Bivouac
Images : Bivouac