Je m’appelle Adèle C., j’ai 17 ans et j’ai été élue (avec Théo M.) lors du dernier CANAAN pour représenter les aînés français. Je suis aînée en 1ère étape au groupe local de Tonneins (Aquitaine) et scout depuis maintenant 10 ans ! Grâce à ce nouveau poste, j’ai pu partir 4 jours (du 26/10 au 31/10) à Prague, République Tchèque pour suivre une formation sur comment être un bon « Young Spokerperson ».
Tout d’abord, qu’est ce qu’un Young Spokesperson ?
Un Young Spokesperson (ou « jeune porte-parole » en français) est un représentant du mouvement, comme « le visage » du mouvement, de sa région ou de son groupe local (cela dépend de l’échelle à laquelle il a été élu). Son rôle est créer des projets de communication autour des activités scoutes qui peuvent s’adresser à un public non-scouts. Par exemple, le YSP d’un groupe local peut envoyer des articles sur les activités de son unité au journal local. Il peut aussi mettre en avant les valeurs du scoutisme dans des mini campagnes pour le populariser et limiter les stéréotypes qui subsistent (non, nous ne sommes pas reliés à l’armée, nous ne chassons pas non plus notre nourriture pendant les camps, oui nous aimons être scouts, oui je m’éclate aux scouts, oui je suis fièr(e) d’être scout, etc.). L’Organisation Mondiale des Mouvements Scouts (OMMS) souhaite développer cette pratique de communication qui se fait par les jeunes car, après tout : qui mieux qu’un scout peut parler des scouts !
Une expérience riche et instructive
Le séjour en lui même a été très instructif et agréable. L’organisation était au top et les animateurs étaient passionnés et passionnants. Suite à nôtre arrivée dans la journée du mercredi nous avons pu découvrir Prague, qui est une ville magnifique que je vous conseille vivement, très cosmopolite, la plupart des gens y parlent anglais. Je compte bien y retourner pour mieux la découvrir !!!
Le jeudi a commencé par des colloques très conviviaux. Nous étions une cinquantaine de jeunes de toute l’Europe, entre 17 et 25 ans, dans une grande salle de réunion où le dialogue était libre, l’interaction vivement conseillée pour nous permettre de partager au maximum nos expériences propres à nos mouvements. Le jeudi a eu pour thème la communication en elle-même : que faire ou ne pas faire ? Qui mettre en avant ou non (d’ailleurs Baden Powell est déconseillé car il véhicule une image désuète du scoutisme, reliée à l’armée, masculine et un peu dure. Une image loin des jeux, rires et activités de froissartage qui rythment réellement nos vies de joyeux scouts) ? Quels sont les mots clés à employer ?
Le jeudi après-midi nous avons du réaliser nous même notre projet de communication en petits groupes. D’ailleurs, ces groupes sont restés les mêmes tout le long, nous permettant de partager nos ressentis à la fin de chaque jour en comité plus réduit. Notre projet consistait à se mettre en avant dans un film : écrire le scénario, le mettre en scène, intéresser le spectateur, être clair, monter le film, etc. Ce fût une expérience très formatrice.
Conclusion de cette première journée : avec peu de matériel on peut faire de super choses, pensez y pour vos groupes locaux !
Le vendredi a été tourné vers la pédagogie dans nos mouvements. Notre animateur, Steevie, un responsable irlandais, a été absolument passionnant dans ses conseils. Il nous a vraiment poussé à partager nos expériences (dans et hors du scoutisme), à en tirer des conclusions et à réfléchir comment les appliquer à notre manière de faire du scoutisme dans nos pays respectifs. Ensemble, nous avons redéfini les buts du scoutisme et étudié comment ils étaient appliqués à chaque branche, voyant ainsi comment nous pouvions améliorer nos pratiques nationales. Nous avons chacun du mettre en avant les meilleures pratiques de nos associations et je me suis rendue compte que les aînés français étaient les seuls à faire un projet sur la solidarité et la rencontre interculturelle. Cette pratique a d’ailleurs beaucoup plu dans des pays où les aînés sont surtout formés à leur futur rôle de responsables .
J’ai aussi découvert la théorie d’« apprendre en faisant » qui est très répandue dans la plupart des pays d’Europe. Le principe est simple : donner les pistes aux enfants, les aiguiller mais les laisser faire à leur manière, se tromper, apprendre de leurs erreurs et ainsi apprendre par eux mêmes. Cela leur permet de mieux retenir et de personnaliser la méthode pour qu’elle leur corresponde au mieux. J’ai aussi découvert la partie théorique de la pédagogie du scoutisme via la méthode scoute.
Nous avons ensuite vu comment appliquer cette méthode aux différentes branches car la manière d’approche varie forcément suivant l’âge des enfants concernés.
Dans les autres pays, ça se passe comment ?
Certains projets, menés par divers pays m’ont paru très intéressants et j’ai tenu à en partager certains avec vous :
- En Grèce (surtout avec les louveteaux mais c’est tout à fait applicable aux éclais voir aînés), les unités locales créent des partenariats avec WWF, sensibilisant ainsi les enfant aux enjeux environnementaux grâce à une suite d’actions concrètes. Certains parrainent des lieux en plus ou moins bon état pour un labs de temps variable et s’en occupent (entretien, reconstruction, peinture…).
- Au Danemark, un programme national a été lancé pour donner un Young Spoker Person a chaque groupe local, formations à l’appui. On leur y apprend la communication, comment écrire de bons articles, comment donner de la visibilité à leurs actions, etc.
- En Islande, ceux sont les jeunes qui choisissent l’organisation de l’année et le choix des activités, je trouve ça absolument génial. En début d’année, chaque éclai ou équipe doit proposer une activité et organiser un week-end pendant l’année. Ils doivent penser à tout pour toute l’unité. Ainsi, les enfants font vraiment ce qui leur plaît, et sont plus motivés tout en prenant conscience de toute la logistique qui se cache derrière un seul week-end et du boulot que ça demande à leurs responsables. Cela rend sûrement les activités plus appréciables pour tout le monde car les responsables ont un peu moins de boulot pour trouver les activités (même si bien sûr ils accompagnent les éclais dans les choix et décisions) et les éclais sont plus motivés à l’idée de jouer à leur propre jeu.
Il y a plein d’autres projets très inspirants comme en Pologne (ce qu’ils font est vraiment génial : réalisation d’émission télé, jeux nationaux,…) ou en Slovénie (Mega Modul et Program Za Mladi).
Enfin, le samedi a été le jour de la réalisation (sur papier) de nos projets et le soir nous avons fait une flash mob en plein Prague par -3°C pour montrer ce qu’est l’esprit scout au-delà des idées reçues !!!
Nous voilà à la fin de ce looooong article, je m’en excuse. Pour finir, je voulais partager avec vous mon ressenti et mes conclusions personnelles suite à ces 4 jours.
Pour moi, la pédagogie doit continuer à être au centre de notre scoutisme, alliant développement personnel de l’enfant grâce à différentes activités qui lui permettront d’apprendre dans la bonne humeur. Chaque organisation nationale à sa propre vision du scoutisme et l’applique à sa manière. C’est très intéressant de voir ce qui se passe ailleurs pour notre apprentissage et nous permettre de nous améliorer en s’inspirant de ce qui a fonctionné. Il est bon de pousser les jeunes scouts à concevoir des activités, ils sont d’autant plus intéressés et plus autonomes. Bien entendu, ce ne sont là que des conseils tirés de mes conclusions suite à ce que j’ai pu apprendre à Prague et à mes expériences en tant que scout.
Je remercie les EEUdF et le Scoutisme Français pour m’avoir permis de participer à ces quelques jours qui ont été très formateurs.
Adèle, représentante à l’AGORA 2015