La jeunesse, les enfants, la vie scoute : c’est le coeur du projet des Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France. Notre force : l’engagement bénévole. Des mots qui résonnent en nous quand on les lit, mais qui pour d’autres semblent bien abstraits.
L’engagement… L’histoire d’une rencontre, cette rencontre qui est sortie de l’ordinaire, qui nous a touché quelque part dans notre cœur et dans notre tête. Cette rencontre qui marque tellement notre chemin qu’on rêve de lendemain, qu’on fait des projets, qu’on a des envies, qu’on se lance : qu’on prend des engagements. L’engagement est né de cette rencontre entre un projet et nous.
Le bénévolat… dans une bien triste vision, c’est un travail même pas rémunéré 😱 un rachat de bonne conscience 😒 Le bénévolat c’est ce choix qu’on fait de rejoindre une structure, une association pour porter un projet qui a du sens et qui est en direction de l’autre, du monde, de soi. Et si on regarde d’un autre point de vue, celui de la structure ou de l’association, le bénévolat c’est la force d’un projet, c’est la richesse de sa diversité, ce sont les possibilités d’agir qui se présentent.
Colloque sur l’engagement bénévole et citoyen des jeunes
Cet engagement bénévole, en plus de contribuer au projet, tout comme notre pédagogie, invite chacun et chacune à être acteur et actrice de ses choix, de sa vie, à comprendre le monde qui nous entoure et se saisir de ce qu’il et elle est pour choisir et agir pour le monde de demain. S’engager bien au-delà du bénévolat, s’engager simplement, s’engager pour un monde meilleur.
Et c’est parce que tout cela fait sens pour nous que nous sommes allé·e·s, nous les EEUdF, partager notre vécu et nos envies au colloque de l’engagement bénévole et citoyen des jeunes, proposé par France Bénévolat.
France Bénévolat est une association qui a pour vocation de développer l’engagement bénévole associatif pour une citoyenneté active. France bénévolat soutient et s’engage aux côtés de nombreuses associations, dont les EEUdF, pour porter ce projet. Au sein du Mouvement EEUdF, une personne siège au Conseil d’Administration de France Bénévolat.
Mercredi 20 mars, au siège de la Macif, 150 personnes étaient attendues pour assister à ce colloque, animé d’une présentation de différentes structures et d’une table ronde sur « L’engagement bénévole en 2025 ».
C’est à travers différents témoignages que nous avons présenté l’association des EEUdF avec Emmy, Marc, Aude-Aline, Léonore, Maxime et Roxane.
Dix ans après la publication de l’étude L’engagement bénévole des jeunes de France Bénévolat, l’heure est au bilan et aux retours d’expérience… Mais en 2025, qu’en sera-t-il ? Quels enjeux pour les associations ?
Témoignages
L’association des EEUdF
Emmy, étudiante, aux EEUdF dès le plus jeune âge et depuis peu en service civique au pôle développement de l’association, débute la présentation des EEUdF. C’est une de ses premières interventions devant autant de monde, et surtout autant de personnes sans foulard. Elle s’est d’ailleurs quelque peu demandé pourquoi elle ? Et c’est comme cela qu’elle a commencé son discours, montrant qu’elle savait pourquoi elle : parce que dans cette association où elle a grandi, elle s’y est épanouie pleinement, elle y a compris le sens et la valeur de l’engagement, elle est actrice de cette association. Alors cela lui semble tout à fait normal qu’elle soit là, à parler des EEUdF, un mouvement pour les jeunes, porté par les jeunes. Emmy le dit, le scoutisme c’est l’école de la vie, de grands mots qui pour l’auditoire ne veulent dire que peu de choses, elle argumente son discours :
« C’est une association protestante d’éducation populaire ouverte à tous et à toutes, elle transmet des valeurs telles que la solidarité, l’ouverture aux autres, la notion de service, le respect, et bien d’autres choses. On y apprend à monter un projet en équipe, à vivre avec les autres, à se débrouiller dans la nature, s’organiser, prendre des responsabilités, se faire des amis pour la vie, prendre des engagements, s’impliquer, jouer, relever des défis, etc.
Mais pour que cela se fasse dans les règles de l’art, il y a plein d’acteurs et d’actrices autour de ces objectifs, qui ne sont pas nécessairement animateurs et animatrices, mais qui néanmoins ont tout autant d’influence sur ce qui se passe au niveau local. »
Education à l’engagement
Aude-Aline, responsable dans la branche moyenne (12-16 ans) à Versailles, rejoint Emmy sur l’estrade pour témoigner de son vécu chez les EEUdF et partager cette éducation à l’engagement qu’apporte l’association.
« Mon parcours au sein des EEUdF a commencé quand j’avais 8 ans. J’ai vécu alors ma première année aux louveteaux et louvettes, mon premier camp. Un premier contact avec ce Mouvement, ce groupe qui s’est révélé être bien plus important que ce que j’aurais pu imaginer le jour de ma première sortie.
Mes 4 années à la meute ont marqué profondément le début de mon engagement grâce aux nombreuses rencontres et moments partagés avec des « copains », avec qui je n’ai pas forcément gardé contact, mais qui ont eu un rôle dans mon développement, j’en suis persuadée. C’est un premier apprentissage du vivre-ensemble, fondamental dans notre Mouvement. J’ai également eu l’occasion de faire ma promesse, premier acte d’engagement dans ce Mouvement qui, malgré notre jeune âge, peut prendre tout son sens dans la suite de notre parcours. Elle marque déjà un fort sentiment d’appartenance à ce Mouvement.
Après 4 années louveteaux, on se sent grand, et l’on a envie d’aller repousser ses limites en passant dans la branche au-dessus, les éclaireurs et éclaireuses. Mes 4 années aux éclaireurs m’ont permis de développer des compétences aux service de mon engagement. Dans l’unité, on apprend à prendre ses responsabilités. On apprend à se débrouiller seul, sans les responsables. On nous donne des responsabilités, mais on nous accompagne. C’est pourquoi cette transition se fait progressivement et permet de nous donner confiance en nous et en nos capacités. À la fin de nos années éclaireuses, on commence à prendre conscience du Mouvement auquel on appartient, des valeurs qu’il défend. On a envie de mettre notre énergie au service des autres, au service du monde, et toujours avec ce foulard autour du cou.
On passe alors à la branche supérieure : la branche aînée. Une branche qui a permis de structurer mon engagement. On monte un projet complexe qui nous oblige à nous investir beaucoup plus et à prendre encore plus de responsabilités, en faisant partie d’un groupe solidaire, avec des hauts et des bas. Et puis on met notre engagement au service du monde, en allant nettement plus à la rencontre de l’autre. On construit souvent des projets qui nous permettent de partir à l’étranger, ce qui nous ouvre à d’autres cultures, d’autres styles de vie, d’autres Mouvements de scoutisme parfois, etc.
Suite à ces dix années au sein de ce Mouvement, on a déjà bien grandi et beaucoup appris. Mais finalement, sommes-nous réellement à ce moment-là acteurs du Mouvement ? Ou ne sommes-nous pas simplement bénéficiaires de tout ce que ce Mouvement a à nous apprendre ? Vient alors le moment où certains ont envie de transmettre tout ce que le Mouvement leur a appris. On a envie de permettre à des enfants de découvrir des choses et de vivre le même parcours que celui qui nous a été offert. Pour moi, c’est là que l’engagement prend tout son sens : on a envie de devenir animateur, et chez nous on appelle ça, responsable. On découvre tout ce que renferme notre Mouvement et à quel point tout ce que l’on propose aux enfants est construit et a un sens. Pour ma part, j’ai notamment découvert tout cela durant mes stages de formation, organisés par notre association. Ces formations sont très riches. Elles nous permettent de réfléchir à toutes nos pratiques, de les remettre en question. Elles nous permettent de donner un sens derrière toutes nos actions et nos activités auprès des enfants. Mais surtout, elles nous font prendre conscience de notre appartenance et de notre influence dans ce Mouvement. On se sent reconnu et accompagné. Après l’attachement à notre groupe, on s’attache et s’engage finalement à notre Mouvement, et il paraît difficile de s’en détacher à ce moment-là… »
Engagement à tout âge
Emmy invite l’une des dernières recrues de l’association, un engagement tout jeune, même pas 1 an au sein de l’association, et pourtant… il n’y a pas d’âge pour s’engager. Marc, membre de la commission recrutement et valorisation témoigne de son engagement.
« Moi, je suis un peu le plus vieux de la bande, le plus vieux d’une commission des EEUdF : la COREV. Cette commission est celle du recrutement et de la valorisation de l’engagement. Et pourtant, je suis effectivement l’un des plus jeunes en durée dans le mouvement… J’ai rejoint l’association cette année. Et oui, ces jeunes qui s’engagent ne sont pas que tournés sur eux même. Cette commission alors qu’elle avait un an d’existence s’est dit, il nous faut quelqu’un qui connaisse l’Eglise qui est l’une de nos partenaires importantes – je suis pasteur – qui connaisse le mouvement et qui connaisse les questions de jeunesse et d’engagement, qui puisse nous aider à prendre parfois du recul. Et à ma grande surprise, moi qui quittais mon poste de secrétaire national à l’animation des réseaux jeunesse de l’Eglise protestante unie de France, j’ai été appelé par ces jeunes du mouvement, mouvement avec qui j’avais travaillé pendant 6 ans et demi. Et quand des jeunes qui en veulent, qui s’engagent, qui n’ont pas peur de se former, de se remettre en question et d’appeler des anciens le font, autant le dire, c’est difficile de dire non… »
Un mouvement ouvert aux autres
L’engagement à tout âge, pas besoin d’avoir un foulard dès le plus jeune âge pour porter un projet… Notre mouvement se veut ouvert, inclusif, permettant à chacun et chacune de trouver sa place à n’importe quel moment de sa vie. Et pour témoigner de cela, Roxane, membre du bureau des EEUdF vient partager son expérience.
« Pour ma part, je serai dans l’incapacité de vous partager mes aventures de louvette, éclaireuse et aînée, non pas que je préfère garder ça secret mais simplement parce que mon premier foulard je l’ai porté en 2011. Et pour les plus observateurs et observatrices vous remarquerez que je n’avais pas 8 ans. C’est à 19 ans que je suis rentrée chez les EEUdF, aujourd’hui je suis secrétaire du bureau de l’association, 8 ans à évoluer dans cette association, à occuper une dizaine de fonctions.
Mais je ne viens pas vous présenter mon CV scout, je viens vous parler de cette association qui m’a longtemps été inconnue et qui a donné sens à mon engagement, à ma vie citoyenne et professionnelle. Comme pour beaucoup d’entre vous j’imagine, avant 2011, pour moi les scouts étaient des personnes en culotte courte, chapeau 4 bosses, foulard et chemise, des bons Mc Gyver qui pourraient toujours nous aider ou nous vendre des cookies.
Loin de ces stéréotypes, j’y ai découvert des hommes et des femmes engagées, engagées pour la jeunesse, pour la paix, pour l’environnement, pour l’égalité, et bien au-delà des simples mots : engagées pour un monde meilleur. Et à 19 ans, quand on doute de tout, et surtout de demain, quand on n’a confiance en personne et en rien, je peux vous témoigner que ça m’a donné envie de croire qu’on pouvait faire quelque chose, qu’on pouvait donner du sens à nos actions en s’engageant et être acteur, actrice du monde de demain.
En arrivant j’y ai donc découvert la notion d’engagement, de collectif, et je ne suis pas restée simple observatrice de cet élan d’espoir, on m’y a accueilli, on m’a demandé ce que je savais faire, ce que je voulais faire on m’a montré ce que je pourrais faire. De marque de confiance en accompagnement j’ai pris différentes fonctions, entrant au conseil d’administration à 24 ans, jusqu’à diriger le Congrès National à l’automne dernier, pour lequel on avait donné comme nom « Nos engagements pour demain… ». Conscients et conscientes que par cette notion d’engagement on avait une force remarquable d’action pour demain, ensemble.
Dans cette association j’y ai redécouvert le pouvoir de l’éducation, l’engagement de la jeunesse, ses capacités, son pouvoir d’agir et de dire ; et je suis devenue professeure des écoles, pas comme un métier, comme un engagement. Et aujourd’hui, je ne me sens plus observatrice d’un monde à me demander ce qu’il va devenir, de ce qu’on laissera aux générations futures, je me sens actrice de mes envies, de mes choix, de nos actions, ensemble, je me sens engagée aujourd’hui, pour demain. »
Citoyens engagés et citoyennes engagées
Le scoutisme révélateur de talent et de vocation ? En tout cas, il est au cœur de nos vies quotidiennes et son engagement résonne dans notre vie citoyenne, et c’est Léonore, membre de l’équipe régionale Phare-Ouest qui vient nous témoigner de son parcours au EEUdF qui l’a rendu capable de bien des choses, de bien des engagements…
« Je suis scoute depuis l’âge de 11 ans. Un engagement un peu par hasard, mais qui fait que mon parcours, aujourd’hui, lorsque je me retourne, ne doit rien au hasard.
A 12 ans on m’a dit « Tu es capable de partir en équipe, sans adulte, en exploration sur les routes avec juste tes chaussures et ton sac ».
A 15 ans on m’a dit « On te fait confiance pour être la co-pilote d’une équipe : apprendre les bases de la cuisine sur le feu aux plus jeunes que toi, tout en veillant à leur sécurité, et à la bonne entente de ton groupe ».
A 16 ans on m’a dit « Tu es capable de monter, en équipe, un projet de voyage fou au Guatemala, à la découverte du mode de vie de communautés autonomes vivant dans la jungle »
A 17 ans on m’a dit « Tu vois ces enfants de 8 ans ? On te fait confiance pour t’en occuper, garantir leur sécurité, et leur transmettre des valeurs à travers tes activités ».
A 19 ans on m’a dit « Tu es capable d’être la directrice d’un camp pour 24 enfants, d’en porter la responsabilité légale, de gérer un budget, une équipe, l’installation logistique d’un petit monde harmonieux, de la première planche de bois nouée au dernier trou rebouché. Car dans la nature en particulier un scout ne laisse que deux choses derrière lui : rien, et des remerciements. Et, aussi incroyable que ça puisse paraître, les parents de ces enfants de 8 ans m’ont fait confiance ».
A 22 ans on m’a dit -d’un air intéressé, ceux qui savent comprendront- « Tu es capable de transmettre ton savoir en devenant formatrice BAFA ! ».
A 24 ans on m’a fait confiance pour représenter les bénévoles de ma Région, en devenant Administratrice nationale.
Alors, lorsque, à 25 ans, on m’a dit « Hey, Léo, ça te dirait pas d’être candidate sur une liste écologiste pour les élections régionales ? »
Je me suis dit « J’ai peur », « Je suis trop jeune », « J’peux pas j’ai scoutisme »…
Et finalement, je me suis dit « Je suis capable ».
Et ça tombe bien ! Car aujourd’hui, à 28 ans, on me dit « Bon, Léo, faut laisser la place aux jeunes ! ». Eh oui, c’est ça les scouts !
Et je fais confiance à la nouvelle génération de jeunes engagés pour rendre le monde un peu meilleur qu’ils l’ont trouvé en arrivant. »
Nos témoignages n’ont pas laissé indifférente l’assemblée qui pour certains découvraient totalement le scoutisme.
Se sont enchaînés différents témoignages d’autres association et structures : Apprentis d’Auteuil, Anciela, Secours Catholique, Jeune Chambre Economique, Réseau National Juniors Associations et France Bénévolat.
Nous avons pu découvrir d’autres formes de bénévolat, les actions engagées en faveur de la jeunesse. Puis nous avons pu questionner l’avenir de l’engagement bénévole pour 2025.
Table ronde : l’engagement bénévole en 2025
Maxime, responsable développement de l’association portait la voix des EEUdF dans cette table ronde avec nos autres membres qui se sont également saisi plusieurs fois du micro pour poser des questions ou répondre à d’autres.
Les échanges ont duré plus d’1h autour des questions sur les formes d’engagement : ponctuel ou dans la durée ? Comment donner envie aux jeunes de s’engager ? Quelle valorisation apporter à l’engagement ? Faut-il voir une rémunération de l’engagement ? Quelle place au Service National Universel dans cette future vision de l’engagement bénévole et citoyen ?
Un temps d’échange durant lequel nous avons pu témoigner de nos pratiques, de nos envies, de nos outils et bien sûr de nos convictions pour la jeunesse et l’avenir.
Ce colloque a été un lieu d’échange où les EEUdF ont marqué les esprits étant cités à plusieurs reprises et interpellés. Nous avons réaffirmé que c’est au service de tous et de toutes que l’association s’engage. Le sens de l’engagement, nous souhaitons le développer pour que chacun et chacune soit citoyen engagé et citoyenne engagée, libre de ses choix. Et c’est bien en ce sens que le colloque et les actions avec France Bénévolat se font et se feront.
Alors quels engagements bénévoles pour 2025 ?
Soyons acteurs et actrices pour répondre à cette question !