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Interview : Suzanne, présidente des EEUdF

Elue comme nouvelle présidente des EEUdF, Suzanne devient à 24 ans la plus jeune présidente de l’histoire de l’association. L’occasion pour nous d’aller à la rencontre de cette bénévole engagée dans le scoutisme depuis plus de la moitié de sa vie.

Photo Suzanne présidente eeudf

 

Suzanne, en toute première curiosité :
d’où viens-tu ?

Une question toujours compliquée pour moi… Mes parents ont fait un choix de vie où ils étaient amenés à déménager tous les deux ou trois ans. Donc je viens de plein d’endroits… Un peu de la région parisienne, puis je suis allée près d’Aix-en-Provence, aux Etats-Unis, à Grenoble et Chambéry, à Paris, au Japon, à Montpellier où j’y ferais mes études et maintenant de nouveau en région parisienne.

Tu gardes quoi de ces années à bouger un petit peu partout ?

Du bon et du moins bon… Du très bon parce que ça donne une vraie adaptabilité, et un optimisme face au changement. On appréhende beaucoup moins le changement, les nouveaux départs, quand on sait que ça se passera bien. Mes nombreux déménagements m’ont conduit à vivre avec joie ces moments et voir les bons côtés de leurs difficultés parfois.

Et du moins bon, parce que, ça me manque parfois de pas avoir un petit chez moi, un endroit où je connais les coins et recoins, où je fais la bise à tout le monde demandant comment va untel ou une telle.

Ton chez toi, c’est les EEUdF ?

[Rire] c’est un peu ça, une grande famille, des voisins, des amis d’enfance, des coins familiers.

Qu’est-ce que tu aimes bien faire dans la vie ?

J’aime bien quand il faut se servir de ses mains et de son imagination, les petits bricolages, la couture, la peinture, tout ce qui est un peu créatif ça me plaît bien.

Puis ce que j’aime énormément ce sont les moments de partage, peu importe leur forme, être ensemble dans un cadre sympa c’est mon occupation préférée.

Il reste une chose que j’aime bien faire, qu’on ne cite pas trop chez les EEUdF quand c’est une personne en foulard qui nous pose cette question mais qu’on n’omet pas quand on nous la pose ailleurs, c’est le scoutisme bien sûr.

Justement, parlons un peu de scoutisme. A quelle(s) occasion(s) as-tu porté un foulard pour la première fois ?

Je dirais que j’ai eu deux premières fois, une officielle celle de ma toute première sortie, et une autre, celle qui m’a fait revenir, qui m’a fait rester aux EEUdF.

La première fois, c’était à Grenoble, 8 ans, j’étais louvette. Mes parents m’avaient inscrite aux EEUdF parce qu’ils avaient eux-mêmes été scouts, ma grand-mère aussi d’ailleurs, une histoire donc de famille. J’ai passé 3 superbes années à Grenoble en tant que louvette.

Puis lors d’un déménagement, j’ai un peu perdu l’engouement et j’ai arrêté. Une pause assez courte, puisqu’un été, une amie [toujours bénévole dans l’association d’ailleurs], m’a proposé de venir camper avec l’unité des éclais de Vélizy. Embarquée par mon amie, je porte une deuxième fois un foulard, un foulard que j’ai porté durant les années qui ont suivi puisque j’y ai fait encore 4 camps éclai, j’ai fait 2 années en tant qu’aînée, et j’y ai été responsable [animatrice].

De ce parcours scout tu dois en avoir des souvenirs,
peux-tu nous en raconter un de tes années de louvette ?

Je dirais qu’on est souvent tenté de répondre que les souvenirs les plus forts sont ceux des grands jeux impressionnants, des veillées pleines d’émotions, comme quand on avait créé une veillée avec notre unité et qu’on avait fait un spectacle en invitant les gens du village. Pourtant, moi ce que je garde comme mes très bons souvenirs, c’est la vie quotidienne. Ces moments où tu installes ta tente, ton camp, tu fais ta lessive, tu deviens autonome, débrouillarde. Je garde ce souvenir, et la fierté de louvette que j’avais de pouvoir dire que c’est moi qui avais fait ça et que je savais et pouvais faire.

Un souvenir d’éclaireuse ?

De mes années d’éclai je garde avant tout l’appartenance à une unité, à un groupe. J’étais vraiment au sein d’une bande de personnes avec qui sans doute dans un autre contexte, la vie ne nous aurait pas rapproché·e·s, mais là on était ensemble, on avait des envies communes, des échanges, des projets. C’était une vie collective dans un espace plus petit que les autres espaces, qu’on pouvait fréquenter comme le collège, et chacun, chacune pouvait y trouver sa place. L’exemple fort c’est l’explo, on se dépasse, on est soudé·e, on fait quelque chose et on réussit (ou pas d’ailleurs) ensemble.

Un souvenir d’aînée ?

C’était au moment du centenaire, et là je vois bien que tu remarques que je suis jeune car j’étais aînée au centenaire [2011], on avait monté un projet en invitant une délégation de scouts malgaches à venir pour faire une animation ensemble. L’année suivante, c’est nous qui avions été invité·e·s à aller à Madagascar pour le projet retour. Cet échange, cet aller-retour dans le projet ça reste un souvenir très chouette.

En plus de ça, au retour de ce projet, je garde cette grosse claque. Pleine de questionnements et de réalisation. A réaliser à quel point le monde est semblable et différent à la fois.

Un parcours d’enfant bien complet, tu aurais pu t’arrêter là, pourquoi t’être engagée comme animatrice du scoutisme, chez nous responsable ?

Alors avant tout, et je crois que c’est comme pour beaucoup, devenir bénévole, responsable c’était l’accomplissement de cette vie de louvette, d’éclaireuse et d’aînée que j’avais vécu. La possibilité de continuer à vivre le scoutisme et le faire vivre. Le scoutisme, cette passion qui m’avait fait grandir dans un cadre accueillant, bienveillant, encourageant.

Et puis bien sûr, je me suis fait embarquer par mes amitiés, mes attachements, ces rencontres qui donnent encore plus de sens à nos engagements.

Combien de camps as-tu fait en tant que responsable et ou directrice du scoutisme français ?

6 camps éclai, sans compter les camps de Pâques, de ski, etc.

Tu peux nous partager un souvenir de ton parcours de responsable ?

C’est toujours difficile ce genre de question, parce que le souvenir qu’on garde c’est toutes ces années dans leur globalité, tout ce qu’on a fait, les enfants, les jeux, les camps, la vie quot, les rencontres, les bricolages, les costumes, les chansons, les fourchettes perdues…

Mais je peux vous partager un souvenir mignon qui m’est venu en tête. Juste à côté de notre camp, il y avait un camp des EEDF (Éclaireurs et Éclaireuses de France) ; après s’être rencontrés, on s’était dit que pendant l’explo on pouvait proposer à un de leur groupe de venir sur notre camp et l’inverse le lendemain. Le soir où ils étaient chez nous, une éclaireuse est venue me voir en me disant « j’aimerais bien faire ma promesse ce soir pour leur montrer ce que c’est que notre promesse EEUdF ». J’avais trouvé ça très mignon la fierté qu’elle avait de vouloir montrer à un autre mouvement de scoutisme ce qu’elle faisait chez les EEUdF.

Aujourd’hui, c’est quoi que tu ne regretteras pas du camp ?

Hum… je campe encore, alors je crois que je n’ai aucun regret dans les camps ! L’appel de la nature est encore bien présent et j’ai toujours envie de camper !

Tu as aussi été formatrice BAFA (brevet d’aptitudes aux fonctions d’animateur) et DSF (directeur·rice du scoutisme français). Un nouvel engagement dans les EEUdF, qu’est-ce que tu gardes de celui-ci ?

Sur les deux stages BAFA que j’ai fait, on formait en partenariat ou à proximité d’autres associations (plateforme du scoutisme protestant, armée du salut…). Dans ces stages là j’ai découvert un autre public, différent et complémentaire avec nos jeunes responsables suivi·e·s par leur région dans leur formation. Il y avait des gens avec des parcours de vie hyper compliqués et c’était un vrai temps de rencontre, d’échange.

Globalement, comme un slogan, je dirais que la formation c’est chouette ! C’est un lieu où les stagiaires se révèlent, on expérimente, on teste, on discute, on évolue, c’est un vrai épanouissement tant chez les stagiaires que chez l’équipe de formation.

Tu as poursuivi tes engagements en rejoignant la région, puis le conseil d’administration. En janvier 2019, tu t’es présentée avec une équipe de 5 personnes pour devenir le prochain bureau des EEUdF, dans lequel tu serais présidente de l’association. Le conseil d’administration vous a élu. Quel sens trouves-tu aujourd’hui à ton engagement ?

Dans chacun de mes engagements, je garde toujours cet élan de motivation de construire quelque chose qui a du sens en équipe. On va développer de nouvelles compétences, se mettre au défi et y aller ensemble avec une équipe souvent diverse, toujours motivée, éternellement en questionnement.

C’est d’ailleurs comme tu l’as dit, à 5 que nous avons été élu·e·s par le conseil d’administration et c’est en équipe que je trouve aussi du sens à mon engagement.

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On parle beaucoup de ton âge, 24 ans, tu es jeune. Quelle place trouves-tu pour la jeunesse et les associations de jeunesse aujourd’hui dans notre société ?

Je crois que ça en dit dit beaucoup sur le scoutisme et sur notre mouvement les EEUdF, qui sont des espaces où l’on fait confiance à la jeunesse. C’est vrai, on apprend à lire une carte à 8 ans, on monte un projet à 15 ans, on est responsable à 19, en direction à 21. Le scoutisme offre à la jeunesse sa place, et au-delà d’être jeune dans l’âge, il y a la jeunesse dans la mentalité de toutes les personnes qui s’y engagent. Même à 70 ans, quand on a l’appréhension des choses, du monde qui nous entoure on est encore dans cette jeunesse, avec elle.

Ce que j’aime bien dans la formulation de ta question, c’est qu’avant tout tu as posé le cadre de la jeunesse. Et moi je crois que c’est bien ça l’important, la jeunesse, les associations de jeunesse ne sont qu’un outil au service des jeunes. L’objectif c’est de pouvoir permettre aux enfants et aux jeunes d’avoir un espace de vie, d’expression, d’expérimentation.

Même si on sait que la jeunesse est active et pleine de ressources, on sait aussi qu’on ne lui laisse pas forcément toute la place qu’elle pourrait prendre ou ni même la parole, le pouvoir… C’est pour ça que c’est important à travers nos associations de jeunesse et d’éducation populaire de pouvoir leur laisser cet espace et qu’ils puissent s’en saisir pour leur donner la confiance d’oser y aller, et d’y aller.

Quels sont tes défis pour les prochaines années ?

Continuer d’assumer la place qu’on prend au sein des association d’éducation populaire et de la société notamment à travers nos engagements avec le Scoutisme Français.

Rester dans le questionnement et l’action pour être au plus proche de la société actuelle et de la jeunesse d’aujourd’hui voire de demain. A travers toutes nos actions, nos réflexions sur l’environnement, l’accueil, l’ouverture, l’éducation, la jeunesse.

Et porter haut l’engagement bénévole cette force de nos actions, et valoriser ce statut, ces engagements dans la société.

Et si tu devais laisser un petit mot, un message à quelqu’un·e de l’association tu lui dirais quoi ?

Je crois que le message serait le même pour un louveteau, une louvette, un éclaireur, une éclaireuse ou un·e aîné·e, ou même un ou une bénévole… Tu peux être fier·e de ce que tu fais, de ce que tu es, de ce que tu construis. Etre fier·e de ce foulard que tu portes, ce n’est pas donné à tout le monde de vivre ce que tu vis, de faire ce que tu fais.

Découvre plus d’informations sur l’organisation de l’association ici.