J’ai 21 ans. Je suis éducatrice spécialisée et je travaille avec des autistes. J’aime le tennis de table et le piano.
Je n’ai pas été ni aux louveteaux, ni aux éclais, ni aux ainés. J’ai commencé directement en tant que resp. J’ai connu le scoutisme par mon frère qui était louveteau. Un jour, il m’a dit : « viens, ils cherchent des responsables, ça te dit ? » et j’y suis allée. Ça fait cinq ans et je suis toujours responsable… Je suis même responsable d’unité depuis 3 ans.
Je dirais surtout l’esprit fraternel, car tout le monde est ouvert, on ne se tape pas par derrière, il y a un esprit solidaire, on est soudés, presque comme une famille, et on ne retrouve ça nulle part ailleurs. Et puis, il y a autre chose d’important, c’est le principe de l’éducation par le jeu. Pour moi, le scoutisme, c’est vraiment un plus par rapport à l’école et à la famille. On y apprend des choses qu’on n’apprend pas forcément ailleurs, par exemple, la fraternité, apprendre à régler les problèmes autrement que par la violence, faire attention à ce qui se passe autour de nous et être attentif aux autres.
C’est complémentaire, c’est lié car il y a des choses identiques. Par exemple, je fais beaucoup d’éducation par le jeu dans mon métier, et ça me vient du scoutisme. Et puis, dans l’autre sens, j’essaye d’apprendre la tolérance à mes louveteaux, notamment vis-à-vis des personnes handicapées. Quand nous avons accueilli un enfant autiste à Phénix, cela m’a permis de travailler là-dessus avec eux.
Premièrement, il faut gérer l’équipe (si équipe il y a…). Pour moi, ce n’est pas un coordonnateur mais c’est lui qui tranche pour les décisions importantes et qui est le contact avec les parents et la région.
C’est pendant mon 1er camp avec Victor, on avait fait une veillée folklorisée où on était super bien déguisés et maquillés (par Cécile) en monstres. On était dans un champ avec des herbes hautes et on éclairait notre visage avec une lampe torche… Les louveteaux avaient super peur car c’était réaliste mais après ils n’avaient qu’une envie, c’est de recommencer le jeu !
Surtout la solidarité, le fait d’aller vers les autres et de les aider si on voit qu’ils galèrent. Ensuite, le respect des autres : écouter son responsable, ne pas se moquer des autres louveteaux… Et aussi, j’allais oublier : la débrouillardise pour que lorsqu’ils seront plus grands, quand ils emménageront seuls dans leur appartement par exemple, ils sachent se débrouiller dans la vie de tous les jours : faire les courses, à manger, se construire un étendoir à linge…
Pour moi, un responsable doit savoir écouter, observer et surtout anticiper !
Non, pour moi, on n’est pas « trad » à Phénix. Pour moi, les « trad », ce sont ceux qui font exactement le même scoutisme qu’en 1900, qui se lèvent au clairon à 6h du matin et lèvent le drapeau. A Phénix, ce qui nous identifie c’est qu’on est plus attachés à certains fondamentaux du scoutisme, les noms de jungle par exemple mais surtout l’apprentissage de techniques scoutes. Tous les dimanches matins, on fait une activité « techniques scoutes » et on leur apprend à faire des nœuds, à construire un tabouret, à décoder le morse… On bosse à fond sur une seule technique à la fois et les enfants la retiennent mieux. Je pense que c’est plutôt ça qui nous définit que d’être « trad ».
Interview par Vinciane B. « Portraits », «Le Cygne» (Gazette des EEUdF IDFSE), juillet 2015, p.6