Entre la vie quotidienne, les grands jeux et les activités, entre l’aventure et l’histoire à vivre, du réveil jusqu’à la veillée, nous structurons pour les louvettes et louveteaux des journées rythmées où la vie en collectif est intense. Qu’en est-il des temps libres ? Loin d’être des «temps vides», regardons-les comme des temps d’équilibre nécessaires aux enfants.
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Les temps libres sont un espace où les enfants ne sont pas sollicités, un espace qui leur appartient pleinement. Il leur offre un «repos mental», à investir comme elles et ils le sou- haitent, qui ressource et autorise à explorer son monde intérieur… Un temps pour vivre, pour s’expérimenter, pour «être» tout simplement dans l’instant présent. Un temps pour être seul·e – se retrouver, se recentrer ou être au calme – ou pour être avec les copines et les copains qu’on a choisis.
Pour autant, les conditions de cette liberté sont celles d’un espace et de relations sécurisées. Sécurisées parce que les enfants sen- tiront qu’elles et ils ne sont pas livré·e·s à elles-même ou à eux-mêmes, des respon- sables étant toujours disponibles à leurs in- terpellations, d’autres veillant à ce qu’il n’y ait pas de mise en danger. C’est une autre forme de relation qui s’expérimente. Cer- tain·e·s se souviendront de temps allon- gé·e·s en «carré» dans l’herbe, à échanger et à rire. Il n’y a alors pas d’autre but que d’être ensemble.
Constamment dans la créativité, l’imagination des enfants n’a de cesse de fonctionner. C’est lors de temps où rien n’a été programmé pour elles et eux qu’elle va avoir libre cours, participant ainsi de leur construction identitaire. Lors des activités et de la vie quotidienne, les responsables sont dans la transmission et l’éducation. Lors des temps libres, c’est la personnalité et les propres ressources de l’enfant qui émergent: une autre forme d’éducation prend place. L’enfant est pleinement actif·ve dans le tissage de sa propre toile de vie, ce qui renforce sa confiance en elle-même ou en lui-même.
Certain·e·s enfants auront toujours une idée, une envie, une demande. D’autres non. Pour chacun et chacune, créez les conditions favorables à l’investissement de ces temps libres. Déployez votre propre imagination: laissez un coin bibliothèque en libre service, un atelier petit bricolage ou travaux manuels (scoubidous, perles, origa- mi, dessins, etc.) à disposition, une malle à jeux de société à emprunter pour son coin sizaine… Pourquoi pas un coin musique, jonglage, ou un parc de jeux en froissartage ?
Mais… laisser émerger les envies des enfants, leur proposer un rendez-vous avec elles et eux-même, encourager leur créativité… cela ne ressemble-t-il pas à un outil de la pédagogie branche cadette? Si, bien sûr, c’est le moment idéal pour s’investir dans sa progression personnelle, ou préparer sa promesse ! Pour pouvoir « faire de son mieux » lors de ces étapes importantes, cela nécessite d’y consacrer du temps.
Offrons des temps libres aux enfants: nous transmettons alors des valeurs chères à notre association, celle de se contenter de ce que l’on a, ou du moins de faire ce qui nous inspire et pas ce qu’on nous demande. C’est une forme de concrétisation de la simplicité volontaire, à contre-courant d’une société de consommation qui remplit sans permettre de profiter de ce qu’on est, là où l’on est.
Marie-PascaLe et Caroline pour la commission branche cadette (cobc)