Les EEUdF pensent qu’être à l’aise pour exprimer et entendre les émotions permet aux enfants de développer des relations apaisées, ainsi que l’illustre le témoignage d’une cadre du Mouvement, mère d’une fille de 5 ans.
Une aide précieuse dans l’épreuve…
C’est au moment du coucher que c’est sorti « Moi je voulais rester à Taverny avec toi et papa ». Je venais de me séparer du père de ma fille, alors âgée de 3 ans.
J’étais envahie de la culpabilité d’avoir éloigné ma fille de son père, de la tristesse de la voir en souffrir, de la rancœur envers mon ancien compagnon, de l’envie d’argumenter que c’est mieux ainsi, de la rassurer, « d’annuler » sa tristesse par un étalage de joie partagée. Difficile dans ces conditions de lui offrir une véritable écoute.
J’étais également au clair sur mon objectif : permettre à ma fille de construire son histoire personnelle en aimant toujours son père et sa mère, et m’assurer de ne pas la « perdre » au profit d’un père absent, fantasmé parfois. Pour cela, je tenais à ce qu’elle développe sa propre opinion sur les changements qui arrivaient dans sa vie, et qu’elle puisse l’exprimer sans crainte. Il était aussi primordial de ne pas lui transmettre mes colères, ma rancœur, mon soulagement de ne plus vivre comme avant.
La communication non-violente, à laquelle je m’intéressais depuis plusieurs mois et le livre « Parents épanouis, enfants épanouis » m’ont beaucoup aidée.
Lorsqu’au moment d’éteindre elle me lançait: « Moi je voulais rester à Taverny avec toi et papa », je lui répondais « Est-ce que tu veux dire que ça te manque de ne plus voir ton père ou c’est la maison qui te manque ? » ou « Es-tu triste de ne plus habiter avec ton père et moi ensemble ? ». Ainsi, je l’aidais à exprimer ses sentiments de tristesse, son envie de comprendre cette nouvelle situation et son inquiétude de ne pas connaître le futur. En reformulant ses paroles de manière plus précise, et surtout en miroir, je pouvais la soutenir en l’aidant à explorer ses sentiments et en la laissant vivre sa tristesse afin que celle-ci sorte d’elle et laisse place avec le temps à des sentiments joyeux.
Puis ma fille a eu de moins en moins besoin d’exprimer sa détresse par rapport à la séparation. Quand elle le faisait, je ne paniquais plus, je ne voyais plus là une remise en cause de ma personne, et ma culpabilité s’est peu à peu estompée. Je suis soulagée de voir qu’elle grandit heureuse avec ses propres sources de sentiments et qu’elle n’éponge pas ma tristesse ni ma colère.
A force d’aider ma fille à mettre des mots sur ses émotions, elle a également appris à le faire… et très vite ! Un jour, alors que je pestais dans ma barbe, elle dit « Je vois que tu es en colère Maman, pourquoi ? ». Ses mots ont désamorcé ma colère. « C’est vrai je suis fâchée car je n’aime pas quand les gens ne mettent pas leur clignotant, j’ai peur d’avoir un accident, maintenant c’est fini je ne suis plus en colère ». Avec ses copines ou ses grands-parents, je l’ai entendue commencer ses phrases par « je vois que tu es… » et pour tous cela a eu l’effet de désamorcer le conflit ou de faire baisser le stress de la situation.
Convaincu de l’intérêt de ces attitudes éducatives centrées sur l’écoute, le Mouvement a décidé de renforcer la formation de ses responsables à cette approche éducative favorable à l’autonomie de l’enfant. Par exemple, une série d’illustrations, diffusée sur le blog paix et mixité à l’attention le des responsables, les aide à envisager d’autres attitudes éducatives.
Exemple d’illustrations diffusées sur le blog :
La commission « Education à la Paix »
Hervé, Jérôme et Sandrine