La prépa camp est lancée, de nombreux groupes se lancent dans des projets de camp de groupe local, de camp BC/BM… la plupart du temps pour des questions liées aux quotas (animation, personne pour diriger), parfois pour l’anniversaire du groupe local, moins souvent par pure envie pédagogique.
Il est compréhensible que ces camps émergent d’un manque, cependant, on peut faire de ce manque une formidable opportunité de rencontre, de coéducation élargie, de renforcement de la culture du groupe local, de mutualisation des ressources entre les équipes de responsables, au lieu de se contenter de vivre deux camps en parallèle, sur le même lieu, sans se croiser. Dans cet article, je vous relate quelques aspects du camp BC/BM du groupe de Batignolles (Paris) de l’été 2019, réfléchis afin de permettre de vivre les points évoqués ci-dessus. Pour information, il y avait 26 enfants à la meute, 20 à l’unité et 10 responsables et c’était le 3ème camp que je dirigeais.
Les deux équipes de responsables avaient envie de vivre un camp de groupe local (il n’y avait plus d’équipe aînée cette année-là) et l’équipe de l’unité n’avait pas de diplôme de direction. Les deux équipes ont donc décidé d’organiser un camp commun, avec :
- La même durée de camp pour meute & unité (17 jours)
- Un précamp commun a été organisé, la présence des picopi et des resps BM a bien aidé les responsables de la meute (qui ne pouvaient pas toutes être là)
- Le même prix de camp
- Une intendance commune : les mêmes repas, avec les quantités par personne légèrement augmentées pour la BM
- Deux objectifs éducatifs communs et un objectif spécifique à la meute / à l’unité
- Un folklore commun (Poudlard), qui avance dans les jeux communs et en parallèle lors de jeux séparés (des péripéties identiques sont vécues par la meute et l’unité séparées)
- Un spectacle biblique commun
- Une journée à la mer pour meute & unité
L’organisation des équipes de responsables a été facilitée par le fait que les 4 responsables de l’unité disposaient d’un BAFA complet (donc n’étaient pas en stage pratique) : j’ai désigné parmi l’équipe un directeur adjoint, qui menait les réunions du soir de l’équipe BM. Nous étions six dans l’équipe BC, dont 4 stagiaires qui n’avaient jamais fait de scoutisme avant et j’ai pu les accompagner tout au long du camp. Dans des situations moins confortables (équipes inexpérimentées / stagiaires de chaque côté), il est nécessaire de réfléchir à un fonctionnement pour permettre le bon accompagnement des responsables et du fonctionnement du camp (réunions le midi pour une équipe et le soir pour l’autre pour que la personne qui dirige soit présente aux deux, présence un jour sur deux à la réunion du soir, désignation d’un adjoint…).
Durant le w-e prépa camp, les équipes se sont accordées sur deux objectifs éducatifs, un folklore et un projet de camp communs. Le folklore Poudlard permettait d’avoir des maisons (les sizaines) et 3 écoles invitées (les équipes éclais de jeu) qui étaient « accueillies » dans une maison lors de leur séjour et constituaient ainsi des équipes élargies pour les jeux communs. Nous avions conçu les journées-types de façon à pouvoir organiser tous les deux jours une activité commune, le plus souvent folklorisée, mais nous avons aussi eu une veillée chant, un culte en plein air et la boum de fin de camp et avons prévu une op folklorisée (un jeu en veillée + matinée suivante avec bivouac dans la forêt). Le projet de camp commun était un spectacle biblique : nous leur avons présenté (séparément) 4 paraboles, les enfants ont listé leurs préférences et nous avons établi quatre groupes de chaque côté, qui étaient chargés de réinventer leur parabole à notre époque et la jouer pendant le spectacle final devant le reste de la meute et de l’unité.
Nous avons trouvé un lieu de camp qui nous permettait d’avoir deux lieux de vie et de jeux séparés : Le Val Richer (Calvados). Les douches (2 structures de marabout distinctes) étaient dans le même champ, la tente d’intendance était entre les deux lieux, les tentes et le coin repas de la meute dans un champ, les tentes et le coin repas des éclais dans la forêt. Nous avons installé les coins de sizaines dans la forêt également, dans lesquels nous mangions le midi, mais de l’autre côté du chemin, de façon à avoir des espaces bien séparés. Pour l’intendance, le carnet de recettes du camp mentionnait pour chaque repas la répartition des denrées pour la meute et l’unité, de telle sorte que chaque responsable pouvait séparer la nourriture lors de la prépa bouffe. Le service d’eau était mutualisé : le matin, la meute remplissait tous les jerrycans et le soir, l’unité (chaque sizaine ou équipe de service se chargeait d’apporter les jerrycans vides au point central).
Pour l’explo, comme nous étions 6 responsables à la meute et que nous souhaitions faire 3 groupes, nous n’avions personne de disponible pour le ravitaillement et nous avons pu bénéficier de l’aide des responsables de l’unité pour cela : nous avons placé les deux explos avec seulement un jour de décalage, les resps éclais apportaient le dîner et le cas échéant les vivres pour le repas du midi suivant aux groupes de la meute, en même temps qu’ils faisaient la tournée des équipes éclais. A l’inverse, nous avons placé la lessive en décalé, pour ne pas manquer de bassines.
En plus des jeux communs, nous avons souhaité vivre le partage dans la vie quotidienne : un midi, les responsables ont échangé d’unité, les responsables BC ont mangé dans les équipes éclais et inversement. Un autre midi, les vieux loups (enfants en dernière année à la meute) ont vécu tout le temps du midi dans une équipe éclai et ont partagé la cuisine, le repas et les services, afin d’avoir un avant-goût de leurs futures expériences de camp à l’unité.
Pour récapituler, à mes yeux, un camp de groupe local intéressant et réussi, c’est :
- Un objectif éducatif commun (ou a minima un ou deux objectifs opérationnels)
- Des activités communes, si possible folklorisées et coopératives, dont certaines festives
- Une logistique commune, qui permet des économies d’échelle (même intendance, même transport des enfants, des resps et du matos, réunion d’information commune)
- Une organisation claire entre les équipes de responsables, fixée à l’avance
Passez de très bons camps BC / BM cet été et les suivants !
Juliette Maupas
Photos : Edwige Guin et Juliette Maupas (explo)