Gestion de conflit n°2 : “ennemis jurés”

En avril, lors d’un déjeuner-débat autours de la gestion de conflit, des resps ont interpelé la commission éducation à la paix pour leur soumettre des cas concrets de conflits face auxquels ils auraient voulu être mieux armés pour gérer la situation. Après une première discussion qui avait exposé le potentiel de la médiation, l’idée commençait à faire son chemin… Découvrez aujourd’hui une seconde situation : « les ennemis jurés ».

CatLyn : Ça a l’air super la médiation ! Mais si dans une meute il y a deux enfants qui ne peuvent vraiment pas se supporter, est-ce que la médiation est adaptée ? Sinon je me disais qu’en les mettant ensemble dans une équipe de jeu, ils pourraient mieux apprendre à se connaître…

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D-Zel : Non !! tu ne peux pas forcer deux personnes à s’apprécier !

CatLyn : Oui, mais on ne peut pas tout le temps les garder séparés… Et à chaque fois on doit intervenir, les resps en ont marre de tout le temps devoir faire la police.

CoPaix : Tu te demandes si la médiation pourrait être une réponse adaptée. Le principe de la médiation, c’est que les personnes en conflit doivent être volontaires pour entrer en médiation. Ces deux louveteaux, ils ont envie de se réconcilier, ou bien ils ont envie de continuer à se détester ?

CatLyn : Non, ils n’ont pas envie de se réconcilier.

CoPaix : Alors la médiation n’est pas adaptée… à ce stade du conflit. Car un conflit évolue dans le temps : il naît, il meurent, il se transforme… peut-être que plus tard la médiation sera adaptée. En attendant, tu as d’autres outils sur lesquels tu peux t’appuyer, est-ce que tu saurais en identifier certains ?

CatLyn : Je peux faire référence à la loi… et à la charte… et si il a fait sa promesse, à la promesse !

CoPaix : Oui, ce sont de super outils pour ça ! “chaque louveteau chaque louvette, dans la joie et la bonne humeur, vie l’aventure de meute…” ça signifie que dans l’idéal louveteau, il faut s’intégrer au groupe, et donc interagir positivement avec chacun ! Donc en venant aux louveteaux, c’est bien ça qu’il a à vivre, même si ce n’est pas facile…

CatLyn : Oui, on leur fait des remontrances, mais ça marche 5 minutes, ensuite ça recommence.

CoPaix : C’est intéressant, une fois que tu leur as expliqué que leur comportement n’est pas adéquat par rapport aux valeurs scoutes, qu’est-ce que tu leurs demandes ?

CatLyn : Je leur demande de se respecter mutuellement.

CoPaix : Ok… dit comme ça, ça ne paraît pas très concret… et pas de nature à résoudre leur conflit qui est sous-jacent… Essayons d’analyser un peu ce conflit, on va se poser les mêmes questions que tout à l’heure : “est-ce que tu es extérieure au conflit, ou bien es-tu impliquée ?”

CatLyn : Je suis impliquée : je suis en colère contre ces deux louveteaux…

CoPaix : Ok, alors voilà ce que j’imagine comme stratégie. Pour l’instant on ne peut pas résoudre le conflit entre les deux enfants car ils n’en ont pas envie, en revanche, toi tu peux prendre l’initiative de régler le conflit que tu as avec eux.

CatLyn : On pourrait faire une médiation entre eux et moi ?

CoPaix : Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. La médiation est particulièrement adaptée entre personnes de statut équivalent. Si je viens faire une médiation entre toi et ton louveteau, vous serez tous les deux “à égalité” dans la médiation, en tant que personne, et non en tant que resp ou louveteau.

Or, ce n’est pas toi en tant que personne qui es en conflit avec ce louveteau, mais c’est bien toi “le resp” qui es en conflit.

CatLyn : Ah ok…

CoPaix : Donc tu es dans ton rôle d’autorité… Tu peux t’appuyer sur la loi louveteaux comme tu le fais, et à la fin demander à l’enfant de résoudre le conflit avec son camarade… tout en offrant ton aide. En gros le louveteau se trouve face à un choix : soit il continue comme ça et son camp va devenir de moins en moins agréable (remontrance, activités gâchées, punitions…), soit il se prend en main pour entrer dans le cadre de la loi des louveteaux, et ça devra passer par une résolution de conflit avec son camarade. L’idée est d’augmenter pour l’enfant sa motivation à résoudre le conflit, et renforcer l’inconfort de la situation actuelle pour le motiver à changer. Une fois que les louveteaux acceptent de chercher à résoudre le conflit, on se retrouve ramenés au cas précédent : ils auront besoin de discuter, et tu devras leur assurer un cadre sécurisant pour que ça se fasse sans effusion de sang !