Communiquer positivement pour un message clair et efficace

Aux EEUdF, nous faisons le choix d’éduquer de manière positive, efficace et accessible. C’est avec optimisme et un entrain collectif que nous faisons vivre notre projet. C’est pourquoi nous avons souhaité partager avec vous un élément clé en communication qui sert cette force que nous avons : la communication affirmative, ou plus souvent utilisée comme “communication positive”. Une communication qui peut changer le message qu’on veut faire passer.

Lorsque l’on souhaite communiquer à l’écrit comme à l’oral, des choix de tournures sont faits, inconsciemment ou par habitude. Ceux-ci ont un impact sur le traitement des informations, le ton qu’on donne et le message qu’on veut laisser.

“[La force de la jeunesse] ce n’est pas tant une question de temps qui passe il me semble, mais d’une qualité que je sais avec certitude partagée avec chacun et chacune d’entre vous, et qui me semble la plus caractéristique de la jeunesse, pas seulement celle de l’âge, mais celle qui peut nous accompagner toute une vie, qui se cultive. Il s’agit pour moi de l’optimisme.”

Suzanne Chevrel, présidente des EEUdF dans son rapport moral à l’AG 2020

Le cerveau et l’absence de compréhension

Nous nous plaçons d’un point de vue grammatical, avec les tournures négatives telles que “ne pas” ; “ne plus” ; “ne jamais” et autres variations :

Ces tournures que nous utilisons assez facilement dans la vie quotidienne ou notamment avec les enfants sont des gymnastiques cérébrales contre-productives. Avez-vous déjà observé l’effet d’un “ne te retourne pas !” ? Dans de nombreux films cela se termine souvent mal… Et si nous avions dit “regarde devant toi !” ?

Le cerveau, du moins l’inconscient, est dans l’incapacité immédiate de traiter la négation. Prenons un exemple pour illustrer ces propos. Si je vous dis “n’imaginez pas une chemise bleue”, vous allez d’abord imaginer et conceptualiser la chemise bleue pour ensuite concevoir l’idée qu’il faut détruire cette représentation.

De cette manière, face à un enfant inquiet de dormir sous tente, imaginez le processus si on lui dit “ne t’inquiète pas !” ; “n’aie pas peur”. Sans le vouloir nous pouvons alimenter son inquiétude. Il est assez aisé de transformer la tournure en disant “ça va bien se passer” ; “rassure-toi” ; “aie confiance”.

L’utilisation de tournures négatives va dans le sens inverse recherché, et très souvent cela peut en plus nous agacer. Écrire de manière positive est tout aussi bon pour soi et les autres notamment à travers le ton qu’on donne à nos propos. Il est toujours plus productif et jouissif de dire et lire ce qu’on peut faire plutôt que ce qu’on ne doit pas faire. Si on dit à une enfant “ne court pas”, souvent elle accélère… Un message plus explicite serait : “marche calmement” ou “vas-y en marchant”.

Ces modifications pourront être notables quand elles impliquent des actes, mais elles sont aussi présentes dans des discours et des réflexions qu’on peut avoir avec les jeunes sur l’avenir, sur les projets, sur soi. “N’aie pas peur de montrer qui tu es” ; “ne laisse personne te faire douter de toi” ; “ne renonce pas à tes rêves”. Des pensées fortes qu’on veut pour donner confiance ou rassurer qui pourraient se révéler plus efficaces tournées positivement “aie confiance en toi” ; “montre qui tu es” ; “crois en tes rêves”.

En plus de cela, c’est un vrai petit jeu de trouver la tournure positive à la phrase négative qui nous vient parfois plus naturellement, un défi que les enfants et les jeunes aiment relever ! Une idée pour la création d’accord de groupe, de règles de vie, de charte, etc.

Des clés pour communiquer de manière positive

Dans nos habitudes de communication orale, cela pourra mettre un peu de temps à venir, passer par l’écrit permettra d’aborder des modifications. Puisqu’on peut relire et retravailler, on peut identifier les tournures négatives et les modifier. Cela permettra de prendre le réflexe dans la réflexion.

Pour les échanges oraux, il suffit parfois de prendre le temps de réfléchir pour transformer une phrase, une bonne respiration laissant à notre réflexion la traduction des formules négatives qui nous viennent.

Puis il faut avant tout oser dire de belles paroles ! Oui, osons, ayons confiance dans les mots, avec leur vrai sens. Lorsqu’une personne vous montre ce qu’elle a fait et que vous dîtes “c’est pas mal !(grammaticalement “cela n’est pas mal”), si ce n’est pas “mal”, alors c’est “bien”, donc osez dire “c’est bien !”.

Enfin, disons avant tout ce que nous sommes, ce que nous voulons, ce que nous faisons, ce que nous espérons. Disons cela et ne disons pas ce que nous ne sommes pas, nous ne voulons pas, nous ne faisons pas. Soyons explicites dans nos mots : “S’engager c’est faire des choix pour soi-même, mais c’est également investir les lieux de prise de décision collective et porter une parole forte dans la société.” (Rapport d’orientation des EEUdF).

La phrase aurait eu le même sens avec une tournure négative : “s’engager ce n’est pas seulement agir ensemble mais c’est faire des choix pour soi-même, ce n’est pas seulement écouter mais c’est également investir les lieux de prise de décision collective et porter une parole forte dans la société”.

Elle aurait en effet eu le même sens, mais un impact moindre et une compréhension altérée.

La langue française est riche de nombreux mots, on peut souvent trouver un antonyme au mot utilisé qui traduira de la même manière, ou de manière proche, notre pensée, cela permettra d’avoir un message plus direct et explicite.

Bien qu’on puisse trouver dans cette démarche un plaisir linguistique, un jeu cérébrale, écrire en positif c’est donner un sens vrai à nos mots, à l’orientation qu’on donne à nos discours. Alors pourquoi ne pas tenter l’expérience de la tournure positive ?


Photos : Patrick Balas
Rédaction : R2P