Retour sur une année institutionnelle à l’AMGE

L’Association Mondiale des Guides et Eclaireuses, dans toute sa diversité, représente dix millions de filles et de jeunes femmes dans 150 pays. Constituée en organisation non-gouvernementale de droit anglais, elle tient, tous les 3 ans, une assemblée générale mondiale qui s’appelle “conférence mondiale”. Cette conférence mondiale rassemble l’ensemble des membres dans un pays pendant une semaine et permet aux associations de guidisme du monde entier de se rencontrer, d’échanger sur leurs pratiques, leurs expériences, leur manières de vivre le guidisme et de décider des grandes orientations du mouvement, ensemble. 

La dernière conférence mondiale a eu lieu en 2017 en Inde et avait notamment porté comme décisions fortes la valorisation de la participation des jeunes femmes de moins de 30 ans dans les instances de gouvernance et la reconnaissance de l’arabe comme langue officielle. 

De la préparation à l’adaptation

En 2020, toutes les organisations membres se préparaient à la tenue de la 37ème conférence mondiale de l’AMGE qui devait avoir lieu en Ouganda du 13 au 17 juillet 2020. 

La pandémie du COVID-19 a malheureusement rendu totalement impossible une telle rencontre et il a été décidé de reporter la conférence mondiale à l’été 2021.

Afin de permettre à l’AMGE de continuer à fonctionner, le bureau mondial a organisé fin 2020 une consultation écrite qui prévoyaient que les organisations membres se positionnent sur trois motions : 

  • un plan annuel pour 2021 
  • un budget pour 2021 
  • Les nouvelles adhésions

Sans difficulté, ces différentes motions ont été entérinées par les organisations membres de l’AMGE.

Une conférence mondiale en ligne pour l’AMGE ?

Pour l’AMGE, il n’est pas possible d’organiser une conférence mondiale en ligne car les statuts ne l’autorisent pas. La question de la tenue de conférences mondiales en ligne ou de la possibilité de voter à distance ou par pouvoir donné ont été débattues à plusieurs reprises au sein de l’association, dernièrement lors de la conférence mondiale de 2014, et rejetées par les organisations membres. Pourquoi ? 

Le sens de la rencontre mondiale

Tout d’abord, parce que les conférences mondiales sont aujourd’hui le seul espace de rencontre mondiale au sein de l’AMGE : elles permettent la rencontre et l’échange, une meilleure connaissance de l’autre et donc un meilleur travail commun. En effet, le niveau d’interculturalité est tel dans un mouvement mondial comme le nôtre, qu’il apparaît indispensable de prévoir cette rencontre pour continuer à faire mouvement. Or, il n’existe pas à ce stade d’autres espaces démocratiques d’échange et de décision au niveau mondial. De façon notable, de très nombreuses organisations membres de l’AMGE avaient, en 2014, soulevé que la problématique financière que certaines associations pouvaient rencontrer pour participer à la conférence mondiale devait trouver une solution à travers la solidarité inhérente à notre mouvement plutôt que par le biais de technologies qui limiteraient l’exercice démocratique. 

L’enjeu de la technologie

Ensuite, s’agissant de la question technologie, elle représente, au niveau mondial, un enjeu crucial. A l’heure où les EEUdF réfléchissent à leur propre gouvernance et viennent de tenir leur première assemblée générale en ligne, au niveau mondial les choses ne sont pas si simples.

En effet, toutes les organisations membres n’ont pas le même accès à un réseau internet performant comme celui que nous avons la chance d’avoir en France. Prévoir une assemblée générale en ligne au niveau mondial, signifie aussi trouver un créneau horaire adapté : si la réunion dure plus de 3 heures, certaines associations pourraient se retrouver à devoir prendre des décisions au milieu de la nuit par exemple. 

La question démocratique au cœur des débats

Par ailleurs, pourrions-nous considérer que la conférence mondiale n’a qu’un rôle de chambre d’enregistrement et que les décisions qui y sont prises seraient débattues ailleurs aujourd’hui ? Pourquoi pas. Alors cela supposerait que des espaces de débats, d’échanges démocratiques aient lieu en amont de ces décision, à un niveau mondial, interrégional a minima, car les réalités des associations membres au niveau local sont bien différentes : nous ne vivons pas en France le même scoutisme qu’en Corée du Sud, qu’en République Centrafricaine, qu’aux Etats-Unis ou en Syrie. Or, ce qui fait la force du mouvement mondial auquel nous appartenons, c’est cette compréhension de nos frères et soeurs dans le scoutisme et le guidisme.

La conférence mondiale en ligne de décembre 2020

Exceptionnellement, le bureau de l’AMGE a convoqué une conférence mondiale le 19 décembre 2020 en ligne, autorisée par la loi anglaise à se tenir en ligne du fait de la pandémie. 

A l’ordre du jour, les organisations membres étaient appelées à se positionner sur une modification statutaire qui devait permettre, à l’AMGE, de tenir, justement, des assemblées générales en ligne et aux organisations membres de voter à distance par le biais de nouvelles technologies pour l’avenir. 

L’enjeu de cette conférence en ligne était donc de taille car la modification statutaire entérinait fermement une modalité de tenue de conférence mondiale dont de nombreuses organisations membres auraient souhaité pouvoir limiter la portée à quelques circonstances exceptionnelles. Le scoutisme français, tout en ne souhaitant pas limiter la possibilité d’action de l’AMGE dans la période de pandémie, a regretté l’absence de possibilité de débattre d’une telle décision sereinement, alors même qu’elle avait fait l’objet d’un rejet par le passé.

Convoquée à la dernière minute et avec un débat en amont réduit à néant, la conférence mondiale des organisations membres de l’AMGE a rejeté, à la majorité d’une voix,  la modification statutaire. 

Et pour la suite alors ? 

L’AMGE continue d’avancer avec le plan d’action 2021 et le budget 2021. Une conférence mondiale 2021 pourra vraisemblablement se tenir en 2021, à nouveau en visio de manière exceptionnelle même si ces circonstances ne sont pas idéales. La commission internationale (CRIAMA) du Scoutisme Français dont nous sommes membres, aux côtés de plusieurs associations européennes, a proposé une rencontre au bureau mondial de l’AMGE afin d’apporter une aide dans la réflexion autour des espaces démocratiques qui pourront être créés en amont de cette conférence mondiale 2021. 

Ca t’intéresse ?

Tu t’intéresses à l’AMGE et ses espaces de réflexion, de rencontre internationale, de débat, de démocratie ? Envoie-nous ton CV et une lettre de motivation pour le mandat de Commissaire International AMGE !

Manon Soubeyran – Commissaire International AMGE

Le groupe de Lisbonne à la 36ème Conférence Mondiale AMGE en Inde – septembre 2017