Marc 12, 28-31
28 Un des scribes, qui les avait entendus débattre et voyait qu’il leur avait bien répondu, vint lui demander : Quel est le premier de tous les commandements ? 29 Jésus répondit : Le premier, c’est : Ecoute, Israël ! Le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est un, 30 et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force. 31 Le second, c’est : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.
Ce que contenait l’article
L’article du TITATI 20 potrait sur la solidarité internationale. A partir de nos convictions protestantes, nous avions choisi de parler de prochain. Ce concept est très important pour la spiritualité chrétienne, suivant le commandement de Jésus “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”.
L’idée de prochain permet d’approcher la solidarité par un angle particulier. D’abord en manifestant un amour qui reconnaisse l’autre comme il est, en incitant à rencontrer l’autre dans la réalité, et pas juste dans nos représentations imaginaires. Ensuite, cela pose la question de la distance, d’une part d’accepter de considérer l’autre lointain comme son prochain, d’autre part, de reconnaître le prochain proche. Souvent les projets aînés cherchent à aller très loin, quand d’autres situations locales peuvent demander de l’attention. Enfin, l’idée de prochain pousse d’aimer l’autre “comme soi même”, c’est-à-dire de ne pas se positionner comme un supérieur.
Mais ce n’est pas tout
“ Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ”
Et oui, parce que Jésus n’énonce pas ce commandement sans contexte. Dans le texte, un scribe lui demande quel est le commandement le plus important (une manière de le piéger en lui demandant de hiérarchiser les commandements reçus par Moïse). Et Jésus commence par lui donner cette réponse :
“tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force”
Marc, chapitre 12, verset 30
Pour un chrétien, c’est ce rapport à Dieu qui fonde la spiritualité. Cette relation verticale (Dieu et toi) donne tout son sens à la vision du prochain chez les chrétiens (Dieu et toi et les autres).
Il faut donc penser en trois dimensions : Dieu, le monde et toi. On peut trouver dans la solidarité, l’articulation entre ces trois éléments. On pourrait penser à l’image de la croix : la rencontre entre l’horizontal et le vertical (on n’aurait pas pu crucifier Jésus à un poteau).
Approcher l’idée de prochain
L’expression grecque utilisée dans l’évangile de Marc est littéralement “le proche de toi” (1) . Il s’agit de celui qui se situe à côté de nous tout d’abord sur le plan géographique. De la même racine étymologique sont extrait le verbe “s’approcher” (2), et l’adverbe “près ou auprès” (3). Cette proximité est intéressante, parce qu’elle n’est pas la similarité. Dans la parabole du bon samaritain, le prochain est justement un étranger !
Aimer son prochain comme soi-même peut alors prendre deux chemins.
D’une part, on peut partir de l’idée que Dieu est omniprésent. Il y a donc quelque chose de Dieu dans chacun de nous – quelque chose de transcendant (qui te relie à Dieu). En prenant conscience que chez l’autre, qui m’est proche, il y a Dieu, je suis poussé à lui témoigner de la la reconnaissance et par conséquent du respect.
D’autre part, on peut partir de l’idée que Dieu aime chacun d’entre nous. Alors mon prochain, est lui aussi aimé de Dieu. Il a de la valeur, du prix aux yeux de Dieu. A la suite de l’exemple de Jésus, je devrais prendre conscience de cet amour distribué à mon prochain et à moi-même, et tenter de l’imiter.
Ces deux chemins partent du même point, la réalisation de l’amour de Dieu, et arrivent au même point, l’amour vers le prochain. Ce sont juste deux manière d’envisager la question.
(1) τὸν πλησίον σου (ton plêsion sou)
(2) πίλναμαι
(3) πέλας