Ça y est, la rentrée est passée ! Tout le monde court à l’école, prend le chemin du travail, et la guerre des emplois du temps recommence. Dans ce chaos, chaque activité lutte avec les autres pour obtenir sa place, un casse-tête terrible, qui nous fait souhaiter des journées de 48 heures (qu’on regretterait aussitôt). Mais le monde est ainsi fait qu’un jour dure 24 fois 60 minutes et ce n’est pas si mal. Ce n’est pas si mal parce que ça nous oblige à choisir, à établir des priorités. On se force à comprendre ce qu’on souhaite vraiment dans nos vies, ce qu’on met en pointillés, et ce sur quoi on tire un trait. Et au milieu de tout ça, on en oublie parfois des éléments fondamentaux, comme le sommeil.
La vie spi, essentielle dans nos moments scouts…
Cette tendance à oublier les essentiels touche tout le monde, partout, tout le temps. Et vous le voyez venir, elle touche aussi les week-ends scouts. On peine à faire rentrer tout le projet pédagogique dans une si petite grille… Il va falloir sacrifier des choses. Au milieu de tout cela c’est souvent la vie spirituelle qui en pâtit. Au pire, on prévoira un temps après le chant du soir pour faire le cantique, et pendant le temps de midi, on se posera avec les éclais pour discuter un peu de leur vie. Pourtant, la vie spi peut être plus que ça.
Pourquoi la vie spi doit être maintenue dans nos activités scoutes ? Parce que la vie spi fait partie à part entière de notre projet éducatif et que nous avons “la conviction que la rencontre avec Jésus-Christ contribue à trouver un sens à sa vie”.
Si on sort faire une balade, c’est souvent en connaissant au moins un peu l’itinéraire, ou du moins avec une vague idée de la direction à prendre. Il arrive de se promener sans but, mais on ne pourrait pas le faire en permanence. La vie spirituelle, le fait de « cultiver son esprit », sert justement cette quête de sens. Faire beaucoup d’activités, c’est important, cela fait de nous des êtres variés, intéressés et intéressants, ouverts. Mais sans un temps de réflexion, un temps de pause pour réfléchir à la raison de toutes ces activités, il manque quelque chose.
…pour se construire ensemble sans imposer…
Le projet pédagogique permet aux enfants de se construire pleinement : dans leur corps, dans leur tête, avec soi et avec les autres, mais aussi en donnant du sens à leurs actions. Notre projet unioniste a cela de merveilleux qu’il nous accompagne sur tous les plans : physiquement, intellectuellement, et spirituellement. Sans viser la perfection, il vise l’équilibre. Faire grandir les enfants dans ces trois directions, c’est aussi le cœur de notre engagement.
Car oui, les enfants se posent des questions spirituelles, et notre devoir d’éducateur et d’éducatrice est de les aider à y répondre. En leur offrant un espace pour se questionner, débattre, lire la Bible, expérimenter, témoigner de leurs doutes, nous les accompagnons dans cette recherche de sens. La vie spirituelle, ce sont toutes ces réflexions, seul ou en groupe, les instants d’échange et de partage, de rencontre, peut-être avec Jésus d’ailleurs. Ce sont aussi des mots, ceux que nous recevons, ceux que nous cherchons pour exprimer nos pensées, ceux de la Bible, qui sont une base pour notre cheminement.
Nous n’avons pas forcément les réponses aux questions des enfants. D’ailleurs, nous serions bien arrangé·es / embêté·es s’il n’y avait qu’une seule direction à donner à notre vie, s’il y avait une réponse claire et précise. Mais en tant que mouvement d’éducation, nous proposons aux jeunes de chercher ce sens. Loin d’imposer une idéologie de force, la vie spi pousse à l’ouverture, au questionnement, au débat, parfois au doute, aux remises en question. Cette démarche fait grandir autant les enfants que les responsables. Par toutes ces voies, la vie spirituelle nous engage. Pour toutes ces raisons, elle est décisive pour l’enfant et l’adulte.
…et faire germer des graines
D’où l’importance des temps spi dans les projets d’années et les grilles de camp. En les oubliant, nous oublions une partie importante du développement des jeunes. Alors soyez des animateurs et des animatrices de vie spirituelle enthousiastes, faites germer des graines sans imposer des idées, animez des débats sans chercher à convaincre, témoignez de vos doutes et de vos convictions.
Et souvenez-vous, ce n’est pas parce que vous n’avez pas faim que vous ne devez pas nourrir les enfants.
Si vous êtes désormais convaincu·e du “pourquoi” mais sceptique sur le “comment”, le rendez-vous est pris pour le prochain article !
Rédaction : Commission Vie Spirituelle
Photos : Patrick Balas